Un musicien arrêté à l’aéroport de Saint-Pétersbourg après avoir brûlé son passeport et s’être exprimé en faveur de l’Ukraine

Un musicien arrêté à l’aéroport de Saint-Pétersbourg après avoir brûlé son passeport et s’être exprimé en faveur de l’Ukraine

Le fond de l’affaire

En juin, le musicien Édouard Charlot a publié sur son compte Instagram une vidéo dans laquelle il brûlait son passeport russe, puis lisait un appel dans lequel il déclarait qu’il était contre la guerre avec l’Ukraine et qu’il voulait venir à Kiev pour soutenir les Ukrainiens.

La vidéo a été portée à l’attention de la directrice de la « Safe Internet League » (Лига безопасного интернета), Yekaterina Mizulina, qui a demandé au Comité d’enquête et au Ministère de l’intérieur d’évaluer les actions du blogueur. Mme Mizulina estime elle-même que le jeune homme « a publiquement discrédité l’armée russe, insulté les sentiments des croyants et délibérément brûlé le passeport d’un citoyen russe ».

Le 22 novembre, Charlot, qui revenait d’Arménie en Russie, a été arrêté à l’aéroport par les forces de l’ordre. Après l’arrestation, une vidéo d’excuses de Charlot a été mise en ligne. Plus tard, on a appris que le musicien avait été détenu pendant 13 jours pour avoir proféré des injures dans un lieu public et avoir harcelé des citoyens.

Pourquoi c’est important ?

La « Safe Internet League » a été créée « au nom d’une figure orthodoxe bien connue » par le milliardaire pro-gouvernemental Konstantin Malofeev pour contrer la diffusion de contenus prétendument « dangereux » sur l’internet russe. 

À l’origine, la Ligue était censée lutter contre la pédophilie, l’homosexualité et l’extrémisme. Par la suite, la lutte contre l’homosexualité a été abandonnée et les représentants de la Safe Internet League ont annoncé qu’ils s’opposeraient à la diffusion de contenus « dangereux » sur l’Internet russe.

À l’origine, la Ligue devait lutter contre la pédophilie, l’homosexualité et l’extrémisme. Plus tard, la lutte contre l’homosexualité a été abandonnée, et les représentants de la « League of Safe Internet » ont déclaré qu’ils s’opposeraient aux guerres de l’information.

Ekaterina Mizulina, qui dirige la Ligue depuis 2017, avec l’aide d’une « droujina » [escouade – NdT] de bénévoles, surveille le réseau et rédige des dénonciations à la police sur des blogueurs et artistes célèbres ou demande que tel ou tel contenu soit bloqué sur le territoire de la Russie. Bon nombre des leaders d’opinion dont se plaint Mizulina sont connus pour leurs positions anti-guerre.

Après le déclenchement de l’invasion à grande échelle de l’Ukraine et le renforcement de la censure, la culture de la dénonciation en Russie a retrouvé un second souffle et est encouragée par l’État.

Rappelons que la Constitution de la Fédération de Russie interdit toute manifestation de censure.

Photo : capture d’écran d’une vidéo d’Instagram du musicien Charlot.


La rubrique Monitoring, Russie est réalisée en collaboration avec le projet memopzk.org