« Je suis derrière les barreaux, mais je suis plus libre que vous »

« Je suis derrière les barreaux, mais je suis plus libre que vous »

Sasha Skochilenko a été condamnée à 7 ans de réclusion. Il s’est écoulé 19 mois entre son arrestation et sa condamnation.

Le fond de l’affaire

Le 16 novembre, le tribunal a déclaré l’artiste Saint-Pétersbourgeoise Sasha Skochilenko, âgée de 33 ans, coupable d’avoir diffusé des « faux » sur l’armée russe motivés par la haine et l’a condamnée à 7 ans de colonie pénitentiaire de régime général.

L’affaire Skochilenko a été engagée parce qu’en mars 2022, elle a remplacé plusieurs étiquettes de prix dans un magasin de Saint-Pétersbourg par des tracts contenant des informations sur le nombre de personnes tuées dans la guerre en Ukraine et des appels à l’arrêt des hostilités. Un retraité qui a vu ces tracts l’a dénoncée à la police. L’enquête a conclu que la jeune fille avait ainsi diffusé des informations trompeuses sur l’utilisation des forces armées russes. Sasha a été arrêtée et placée en détention.

Étiquettes anti-guerre diffusées par Sasha Skochilenko

Pourquoi c’est important ?

Depuis 19 mois, Sasha Skochilenko est détenue dans un centre de détention provisoire. On lui a diagnostiqué un trouble affectif bipolaire, une malformation cardiaque et la maladie cœliaque – une intolérance génétique au gluten qui nécessite un régime alimentaire strict. En détention, la jeune fille ne reçoit pas le soutien médical nécessaire et son état de santé se détériore constamment.

Sa détention provisoire, et plus encore son séjour en prison menacent directement sa santé et sa vie.

Le procureur a insisté sur le fait que l’acte (remplacement des étiquettes de prix) commis par Mme Skochilenko était dangereux pour la société et l’État. Or, il est évident que ce n’est pas le cas. Sasha Skochilenko a été emprisonnée parce qu’elle n’a pas pu garder le silence lorsque la guerre a commencé. Pendant toute la durée du procès, elle a défendu avec persévérance et cohérence les valeurs pacifistes et a déclaré que la vie humaine était la valeur la plus élevée.

Photo : Alexandra Astakhova / Mediazona


La rubrique Monitoring, Russie est réalisée en collaboration avec le projet memopzk.org