Mémorial recense un 1000-ème prisonnier politique en Russie

Mémorial recense un 1000-ème prisonnier politique en Russie

Le 9 février, le centre des droits humains Memorial a publié un chiffre aussi symbolique qu’effrayant : le millième prisonnier politique sur la liste que l’organisation tient rigoureusement depuis 2009 (voir notre page pour l’explication de la démarche), accompagnée d’une équipe de bénévoles. Ce statut n’est attribué qu’après un examen collectif et rigoureux du dossier judiciaire en s’appuyant sur les critères internationalement reconnus. Les condamnations vont de 4 mois de prison à la perpétuité.

Selon Sergueï Davidis, responsable du programme pour Mémorial, « le fait que, selon nos calculs, 1 000 personnes figurent sur la liste des prisonniers politiques depuis 2009 est avant tout un seuil symbolique, car le nombre réel de prisonniers politiques depuis 2009 (…) est en réalité bien plus élevé, tous ne figurant pas sur nos listes. Quoi qu’il en soit, il s’agit d’un nombre considérable de personnes dont la vie a été gâchée par une persécution illégale et politiquement motivée de la part de l’État. Il ne devrait pas y avoir de prisonniers politiques en Russie : pas un millier, pas une seule personne, et encore moins un nombre toujours croissant, comme c’est le cas aujourd’hui ! ».

Les affaires concernant les prisonniers politiques sont de plusieurs sortes :  un assez grand nombre relève des répressions liées à des activités religieuses, de membres d’organisations musulmanes interdites ou déclarées extrémistes par les autorités russes, ou bien encore contre les Témoins de Jéhovah. D’autres sont liées à des activités politiques et les incriminations pénales relèvent le plus souvent de l’extrémisme, de l’organisation des désordre de masse, parfois encore d’actes terroristes ou de préparation d’actes terroristes. De nombreux cas sont liés à des affaires dont le dossier judiciaire est très proche et qui sont regroupées en affaire collective : des Pussy Riots  au « dossier sanitaire » en passant par les protestations en Ingouchie ou encore les grandes manifestations de soutien à Navalny après son arrestation en janvier 2021 : dans ce dossier, les instructions sont encore en cours mais les condamnations pourraient atteindre un record.

La dernière condamnation en date, le 10 février 2022, concerne un adolescent adolescent de la ville de Kansk en Sibérie. 16 ans (14 ans au moment des faits), Nikita Ouvarov, accusé de préparation d’acte terroriste. Le jeune garçon aux sympathies anarchistes avait collé avec quelques autres camarades sur le bâtiment local du FSB des affichettes en défense d’un étudiant en mathématiques emprisonné, ils avaient aussi évoqué sur les réseaux sociaux l’idée de « faire sauter le FSB » … dans le jeu video minecraft.