Déclaration de l’Association Memorial International

8 juillet 2020

Le second procès de Iouri Dmitriev, historien, responsable de l’association Memorial de Carélie, notre ami et compagnon de lutte, touche à sa fin.

Iouri Dmitriev a arraché à l’oubli les noms de plusieurs milliers de personnes, victimes de la terreur politique d’État dans notre pays. Il a consacré plus de trente ans de sa vie à l’étude de l’histoire du Goulag en Carélie. Sa contribution à la mise au jour des sites d’inhumations de victimes de la terreur stalinienne à Sandarmokh et à Krasny Bor est immense. Dorénavant, des cérémonies mémorielles se déroulent chaque année dans ces lieux où se rassemblent de nombreux pélèrins non seulement de Russie, mais aussi d’autres pays.

C’est ce travail de Dmitriev, reconnu internationalement, qui lui a valu des persécutions.

Aujourd’hui, les répressions politiques sont redevenues une réalité quotidienne dans notre pays, le récit historique officiel ne pouvant s’accommoder de la vérité sur le passé. Dès lors, l’attitude hostile des autorités à l’égard des initiatives qui visent à préserver la mémoire de la terreur politique du passé n’est que naturelle.

C’est sur cette toile de fond qu’a surgi « l’affaire Dmitriev ».

Ceux qui l’ont initiée voulaient non seulement mettre fin à son travail d’historien et de militant, ils voulaient également salir son nom.

Nous déclarons : l’innocence de Iouri Dmitriev ne fait aucun doute. La fausseté de l’accusation ne fait aucun doute.

La preuve, c’est qu’à l’issue de son premier procès, Dmitriev a été innocenté. Mais les falsificateurs n’ont pas supporté cet échec. En dépit des évidences et « en ignorant » la vaste campagne de protestation déclenchée en Russie et dans plusieurs autres pays, ils cherchent à régler son compte à un homme indésirable.

Si le procès se termine par un verdict de culpabilité, ce sera une honte pour notre pays.

Nous exigeons la liberté pour le détenu politique Iouri Dmitriev.

Le Conseil d’administration de l’Association « Memorial International » pour l’histoire, l’éducation, la bienfaisance et les Droits humains.

Illustration: Le livre sur l’histoire de Sandarmokh terminé par Iouri Dmitriev alors qu’il était en détention sur le parapet du tribunal de Petrozavodsk. Photo Irina Galkova.