Voix de Marioupol — un film du Centre de défense des droit humains de Kharkiv
Les protagonistes de ce film vivaient des vies simples et heureuses. Maria Vdovychenko, écolière insouciante, rêvait passer son examen de danse, Anna Shevchyk, médecin, soignait les nouveau-nés, et Yevhen Sosnovsky, photographe talentueux, cherchait à réaliser son potentiel. Le 24 février 2022, les Russes ont transformé leur ville bien-aimée en enfer.
Au lever du jour, le 24 février 2022, Marioupol a été attaquée par l’armée Russe. Les premières explosions ont lieu sur la rive gauche de la ville.
Jusqu’au 1er mars, les quartiers Est, proches de la frontière avec la Russie, ont été soumis à des bombardements. Le 2 mars 2022, les forces russes ont encerclé Marioupol par l’ouest, le nord et l’est, tout en bloquant le sud depuis la mer d’Azov avec des navires. À partir de cette date, la ville a été privée d’eau, d’électricité, de gaz, de chauffage et de réseau mobile. Les bombardements russes, avec de l’artillerie, des roquettes et des frappes aériennes, ont frappé tous les quartiers de la ville.
Les forces russes ont méthodiquement détruit des infrastructures essentielles à la survie de la ville : magasins d’alimentation, hôpitaux, bâtiments des services d’urgence, etc. Les bombardements intenses et systématiques rendaient impossible l’évacuation vers la partie libre de l’Ukraine. Beaucoup de ceux qui tentaient de fuir prenaient des risques énormes et étaient souvent pris pour cibles.
À certains moments, les habitants de Marioupol ont pu quitter la ville à pied vers des territoires encore contrôlés par le gouvernement ukrainien. D’autres ont été forcés d’évacuer vers la République autoproclamée de Donetsk ou vers la Russie. Tous devaient passer par un processus de filtrage, visant à ne laisser passer que les Ukrainiens loyaux envers la Russie. Les contrôles portaient sur l’appartenance aux services publics, l’activité militaire, d’éventuelles marques corporelles ou encore le contenu des téléphones.
Les bombardements d’immeubles résidentiels, d’hôpitaux, du théâtre dramatique, de la piscine et des écoles où les gens cherchaient refuge ont entraîné la mort de nombreux habitants de Marioupol. De nombreux civils ont également été tués par des tireurs d’élite. Selon diverses sources officielles, le nombre de civils tués dans la ville s’élève à 87 000.
En raison du blocus, il n’y avait ni approvisionnement en nourriture, en eau et en médicaments. Les habitants de Marioupol ont été obligés de recueillir l’eau de pluie, de vider l’eau des systèmes de chauffage, de cuisiner sur des feux de fortune et d’enterrer les morts dans des fosses communes dans les cours.
D’avril à la fin du siège, les forces russes ont lancé des attaques massives sur le complexe d’Azovstal, où se trouvaient le régiment Azov, les marines et des civils. Les derniers bastions sont tombés le 20 mai 2022, après la reddition de ceux qui se trouvaient dans l’usine.
“Nous devons gagner cette guerre. Nous avons cette chance si les Ukrainiens croient en leur force sur leur propre terre, qu’on ne doit pas abandonner à l’ennemi sans combattre.”
Bohdan Krotevitch (“Tavr”)
Denys Voloha, Andriy Didenko, Anna Zakharova, le 22 octobre 2024
Ce témoignage fait partie de « Voix de guerre », un projet associant Memorial France, Memorial Italie, Mémorial République Tchèque, Mémorial Pologne et Mémorial Allemagne autour du Groupe de défense des droits de l’homme de Kharkiv (Memorial Ukraine)
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