L’arrestation d’A. Navalny est un acte de représailles arbitraire, motivé par des considérations politiques.
Déclaration du Centre des droits humains Memorial
Dans le cadre du programme de soutien aux prisonniers politiques
Alexeï Navalny a été arrêté le 17 janvier à l’aéroport de Moscou-Cheremetievo. Associée à de nouvelles accusations pénales, cette arrestation fait partie d’une énième campagne de répression contre cet opposant au pouvoir, motivée par des considérations politiques. Le recours par les autorités russes à des poursuites judiciaires pour écraser les opposants politiques est une pratique intolérable et inacceptable, mais déjà habituelle. Et pourtant, même dans ce contexte, l’arrestation de Navalny dimanche dernier frappe par son cynisme et par son mépris de toute apparence de légalité.
Navalny a été arrêté à la demande du Service fédéral d’application des peines, soi-disant à cause d’une violation des conditions de sa période probatoire, suite à sa condamnation pour « l’affaire Yves Rocher » en décembre 2014. Cette condamnation est illégale : ce n’est pas seulement notre avis, c’est aussi celui de la Cour européenne des droits de l’homme, qui en 2017 a jugé qu’elle était arbitraire et sans fondement, et, en 2019, que l’assignation à résidence de Navalny avait été motivée par des considérations politiques. La période probatoire fixée par le tribunal Zamoskvoretski, à Moscou, même après une prolongation d’un an fondée sur des raisons inventées pour l’occasion, s’est achevée le 30 décembre 2020.
Fin 2020, après avoir été victime d’une tentative d’assassinat par empoisonnement à l’aide d’une arme chimique [en août de la même année], Navalny se trouvait en Allemagne où il recevait des soins, puis suivait une rééducation. Navalny lui-même, et des groupes d’investigation indépendants, ont présenté des preuves convaincantes de l’implication directe de l’État russe dans cet attentat, lesquelles n’ont pas été réfutées. Navalny avait été envoyé en Allemagne pour des soins avec l’accord des autorités de la Fédération de Russie. Le Service fédéral d’application des peines ne pouvait pas ignorer ces circonstances. L’assignation à comparaître devant l’Inspection d’application des peines l’avant-dernier jour de sa période de probation, produite la veille de cette date, ressemble à un stratagème indécent. Et le fondement de cette assignation, à savoir la référence à une publication dans la revue médicale The Lancet dans laquelle le nom de Navalny n’est même pas mentionné, est tout simplement absurde. Cette arrestation d’un opposant politique sous un prétexte illégal et sans fondement, alors qu’il ne se cachait pas et qu’il avait annoncé publiquement son retour en Russie pour la première fois depuis son attentat, est un acte de représailles arbitraire, motivé par des considérations politiques.
Le Centre des droits humains Memorial considère Alexeï Navalny comme un prisonnier politique, et exige qu’il soit libéré immédiatement et sans conditions.
Déclaration du 18 janvier 2021