À propos des erreurs dans la base de données de Memorial
Précisions du Conseil d’Administration de Memorial International à propos des erreurs dans la base de données de Memorial
Moscou, 13 décembre 2021
Le 9 décembre 2021, lors d’une réunion du Conseil pour le développement de la société civile et des droits de l’homme auprès du Président de la Fédération de Russie, Vladimir Poutine a déclaré qu’on lui avait communiqué des notes, selon lesquelles y avait des erreurs dans la base de données des « Victimes de Terreur en URSS » créée par l’Association Memorial. Y ont été trouvés les noms de trois personnes reconnues coupables de collaboration et impliquées dans l’extermination de populations juives dans les territoires occupés pendant la guerre.
Memorial construit cette base depuis de nombreuses années. Dans cette base, il y a effectivement des erreurs et des défauts. Toute base de données comprenant des millions de personnes (actuellement, la base compte plus de 3 millions de noms) contient immanquablement des erreurs. Nous essayons de les identifier et de les corriger. Les noms mentionnés par Vladimir Poutine ont d’ailleurs été bloqués dans notre base de données il y a trois mois, immédiatement après que nous ayons reçu des informations sur leur non conformité avec les critères adoptés par les compilateurs.
Il ne reste qu’à regretter que le Président ait choisi une source d’information secondaire et n’ait pas jugé nécessaire de solliciter l’avis de Memorial lui-même. Nous pouvons en effet détailler les raisons de l’apparition de certaines lacunes et erreurs dans la base de données de manière plus précise et plus complète que les auteurs anonymes des notes soumises à l’attention du Président. Or, brièvement, les principales causes de ces erreurs sont, d’une part, le volume colossal de la tâche et, d’autre part, l’impossibilité d’accéder à une grande et importante partie des informations contenues dans les archives.
L’un des points importants de la Politique d’État sur la perpétuation de la mémoire des victimes des répressions politiques , adoptée en 2015, était la création d’une base de données unifiée des victimes des répressions politiques. En janvier 2020, le président a chargé son administration, en collaboration avec le FSB, le ministère de l’Intérieur, le Service fédéral de l’administration pénitencière et les archives d’État d’étudier la création d’une telle base et de soumettre leurs propositions à ce sujet avant le 1er octobre 2020. Nous ignorons encore si cette mission a été remplie, si des propositions ont été formulées et, si c’est le cas, quelles en sont la teneur.
Nous ne sommes pas enclins à accuser les fonctionnaires de sabotage : nous travaillons sur ce problème depuis de nombreuses années et nous en comprenons plus que quiconque le degré de complexité. Nous travaillons et continuerons à travailler à mener à bien cette tâche et ce, malgré le fait que nos capacités soient totalement incomparables avec les capacités des institutions susnommées.
Il n’en est, néanmoins, que d’autant plus étrange, au lieu du témoignage de reconnaissance pour le travail effectué dont l’État devrait faire preuve, d’entendre des reproches sur la présence d’erreurs isolées.
Source : https://www.memo.ru/ru-ru/memorial/departments/intermemorial/news/649