Dans quelques jours s’achèvera l’un des procès politiques les plus médiatisés et les plus longs de ces dernières années – le procès de Iouri Dmitriev, historien des répressions staliniennes, représentant de Memorial dans la région de Carélie. L’affaire a débuté en décembre 2016. Mais c’est maintenant que va être rendu le verdict concernant les accusations de production de pornographie juvénile, attentat à la pudeur et violences contre une fille adoptive mineure, ainsi que de détention illégale de parties d’une arme à feu auxquelles fait face Dmitriev. Le procès se déroule à huis- clos, les observateurs et la presse ne sont pas autorisés à participer au procès. Dmitriev a passé en détention plus de trois ans (de décembre 2016 à février 2018; puis de juin 2018 à aujourd’hui). La peine maximale à laquelle peut être condamné l’historien âgé de 64 ans est de 20 ans de prison.

Participants à la conférence de presse:

Viktor Anoufriev, avocat de Iouri Dmitriev;
Anatoli Razoumov, historien, directeur du centre “Noms restitués”(“Возвращенные имена”) auprès de la Bibliothèque nationale russe;
Irina Fligue, Membre du Bureau de “Memorial International”, spécialiste de l’étude des lieux d’inhumation des victimes de la terreur de masse;
Sergueï Davidis, membre du Centre de défense des droits humains “Memorial”, responsable du “Programme d’aide aux prisonniers politiques”;
Alexandre Sokourov, réalisateur, scénariste, Artiste émérite de la Fédération de Russie, Membre du Conseil pour les droits de l’Homme. (A confirmer);
Natalia Soljénitsyne, présidente du “Fonds public russe d’aide aux persécutés et à leurs familles – Fond Soljénitsyne” (A confirmer);

En juillet 2017, après avoir analysé le dossier, l’ONG Memorial a conclu à la falsification des charges retenues par l’accusation à l’encontre de Iouri Dmitriev et lui a attribué le statut de  prisonnier politique. L’innocence de Iouri Dmitriev a été confirmée par une décision de justice en avril 2018. Cependant, par la suite, l’historien a été de nouveau accusé et le dossier a été renvoyé devant les tribunaux. Dmitriev lui-même réfute toutes ces accusations. Memorial est convaincu de son innocence. 

La raison évidente de ces poursuites contre l’historien, c’est son long travail de recherche des lieux d’inhumations de ceux qui ont été exécutés en secret durant la Grande terreur de 1937-1938, la constitution de listes de victimes et la préservation de la mémoire dans ces lieux d’exécution de masse. C’est grâce à Iouri Dmitriev que le plus grand polygone d’exécution de Carélie, Sandarmokh, est devenu un lieu mémoriel de renommée internationale. Les persécutions à l’encontre de Iouri Dmitriev se déroulent sur fond de tentative de réécriture de l’histoire de Sandarmokh, présentant les victimes du NKVD qui y sont enterrées comme des victimes de la Seconde guerre mondiale tuées pendant l’occupation finlandaise.  

L’affaire Dmitriev a rencontré un  écho considérable en Russie et à l’étranger. Ceux qui défendent l’historien carélien revendiquent en même temps le droit de mémoire de leurs ancêtres assassinés. Iouri Dmitriev, quand à lui, poursuit son travail en détention.  Iouri Dmitriev a poursuivi en prison, avec l’aide de collègues et d’amis, son travail : depuis son incarcération,  il a publié trois nouveaux ouvrages : en 2017, Krasnyi Bor et Leur Patrie ne les a pas oubliés. Livre de mémoire du peuple carélien ; et, en décembre 2019, Sandarmokh – lieu de mémoire.

La conférence de presse était consacrée aux aspects de l’affaire elle-même pouvant être évoqués publiquement, au contexte dans lequel ont lieu les persécutions à l’encontre de Iouri Dmitriev, à son travail d’étude des répressions et de conservation de la mémoire.  

Modérateur: Oleg Orlov, Membre du Bureau de “Memorial International”, membre du Centre de défense des droits humains “Memorial”.

La conférence de presse a eu lieu le 10 juillet 2020 à 12h, heure de Moscou.