Chroniques de la Russie qui proteste // 14 – 20 octobre 2024

Chroniques de la Russie qui proteste // 14 – 20 octobre 2024

En Russie, depuis le début de la guerre en Ukraine, la société est profondément divisée face à l’agression des troupes russes. Alors que certains soutiennent fermement les actions du gouvernement, d’autres manifestent courageusement leur opposition à la guerre et à l’intervention militaire russe dans les affaires ukrainiennes.

Ce projet de publication a pour objectif de documenter ces protestations en publiant des chroniques hebdomadaires en utilisant les réseaux sociaux comme source principale d’information. Nous espérons offrir un aperçu de la dynamique interne de la société russe en temps de guerre, en mettant en lumière les voix et les moyens d’expression de ceux qui se dressent contre la politique étrangère de leur gouvernement.


La ville s’exprime

Stavropol (Région de Stavropol), Sterlitamak (République de Bachkirie), Moscou, Perm (Région de Perm) et Smolensk (Région de Smolensk)


Stavropol (Région de Stavropol)


Kaliningrad (Région de Kaliningrad)

Poursuites judiciaires

4 ans de détention pour un graffiti anti-guerre et une communication de données à l’Ukraine

la Cour Suprême de la République de Sakha (Yakoutie) a condamné Evgueni Zakharov à quatre ans de colonie [prison] à régime général et à une amende de 20.000 roubles (équivalent d’un mois de salaire minimal) pour « collaboration avec un État étranger ».

Selon la version de l’instruction, Evgueni Zakharov travaillait pour le renseignement militaire ukrainien et transmettait des données sur la mobilisation, la situation économique de la région et l’attitude des habitants envers la guerre. Le tribunal a également relevé que l’accusé avait inscrit des graffitis anti-guerre sur une banderole exprimant un soutien à la guerre.


Un défenseur des droits de l’homme de Mordovie accusé d’avoir « discrédité » l’armée de façon répétée

Le 24 février 2024, le défenseur et militant des droits de l’homme Sergueï Maryin (Saransk, République de Mordovie) a publié un message sur VKontakte pour dire qu’il estimait que l’un des objectifs de l’opération spéciale ‒ « dénazification » ‒ était une tentative de tuer tous les Ukrainiens, et annonçait un piquet anti-guerre avec une affiche « Poutine = mort = guerre ».Le 18 octobre, on a appris qu’une procédure pénale avait été ouverte contre Maryin à la fin du mois de juin pour « discrédit » répété de l’armée russe.

Un pays où  les gens sont mis en prison pour leurs opinions n’a pas d’avenir

Quatre ans de prison pour des commentaires sur l’explosion du pont de Crimée

Stanislav Shevchenko, habitant Maykop (République d’Adyguée), a été condamné à quatre ans de prison pour « apologie du terrorisme » en raison de ses commentaires sur les réseaux sociaux à propos de l’explosion du pont de Crimée et de l’incendie criminel du bâtiment du Service Fédéral de Sécurité [FSB] de la région de Krasnodar.


Trois ans de prison pour un ancien professeur de l’université du ministère de l’Intérieur pour « discrédit » répété de l’armée

Guennady Deryaguine, retraité, professeur émérite de l’université du Ministère de l’Intérieur de Moscou et fondateur de la sexologie criminelle, a publié de mars à juin 2023 plusieurs messages sur VKontakte à propos des frappes de missiles sur les villes ukrainiennes et d’une bombe aérienne russe tombée à Belgorod, ainsi que le commentaire suivant sous un repost d’un discours d’Arnold Schwarzenegger : « Bientôt, la majorité dira : et nous pourquoi…? ».

Le 18 octobre, l’accusation dans  cette affaire de « discrédit » répété de l’armée a demandé une peine de trois ans de privation de liberté pour Deryaguine.

En octobre 2023, Deryaguine avait été condamné à dix ans de colonie à régime sévère pour une affaire de violences sexuelles à l’encontre d’un mineur. Deryaguine nie toute culpabilité concernant le « discrédit » de l’armée et rejette également les accusations portées contre lui dans le jugement de l’année précédente.


Pour avoir refusé de combattre, des Russes ont commencé à être déchus de la citoyenneté qu’ils avaient acquise.

Le 16 octobre, deux habitants de Moscou ont été déchus de leur citoyenneté, suivis, le 19 octobre, par trois Russes de la région de Khabarovsk qui ne s’étaient pas inscrits pour le service militaire. Tous les hommes privés de la citoyenneté acquise ont été contraints de quitter le pays.

La loi autorisant la privation de la citoyenneté acquise pour défaut d’inscription au service militaire a été adoptée au cours de l’été. Depuis le début de l’automne, au moins 12 Russes ont été déchus de leur nationalité pour avoir refusé de combattre en Ukraine. 


Le projet Chroniques de la Russie qui proteste est réalisé quasiment exclusivement par des bénévoles.

Ont en particulier participé à l’élaboration de la version française l’équipe de bénévoles de Mémorial France ainsi que des des étudiants en russe des universités de Strasbourg, Toulouse, Paris, Besançon, Grenoble, etc…
© Memorial / © Memorial France pour la version française.