Mise en détention d’une journaliste de Radio Free Europe à Kazan

Mise en détention d’une journaliste de Radio Free Europe à Kazan

La journaliste de Radio Free Europe Alsu Kurmasheva a été mise en détention à Kazan

Le fond de l’affaire

Le 18 octobre, Alsu Kurmasheva, rédactrice en chef du service tataro-bachkir de Radio Free Europe, a été placé en détention à Kazan pour défaut de présentation de documents en vue de son inscription sur la liste des agents étrangers. Selon la version du comité d’enquête, Kurmasheva était censée soumettre des documents au Ministère de la justice pour être incluse dans le registre des agents étrangers. 

Selon une source de l’agence Tatar-Inform, Mme Kurmasheva est accusée d’avoir recueilli des informations sur les enseignants de l’une des universités du Tatarstan qui ont été mobilisés pour la guerre en Ukraine et d’avoir utilisé ces informations pour préparer des « documents analytiques alternatifs » pour les organisations internationales concernées et pour mener des campagnes d’information discréditant la Russie.

Alsu Kurmasheva est une citoyenne russo-américaine, employée de Radio Free Europe et vivant à Prague. En mai 2023, la journaliste est venue en Russie pour des raisons familiales. Le 2 juin, elle a été arrêtée à l’aéroport de Kazan et ses passeports russe et américain ont été confisqués. Kurmasheva a été condamnée à une amende en vertu de l’article relatif à l’absence de notification de la présence d’une seconde citoyenneté. Les passeports d’Alsu Kurmasheva n’ont jamais été restitués.

La journaliste sera maintenue dans un centre de détention temporaire jusqu’à ce que le tribunal choisisse une mesure préventive.

Pourquoi est-ce important ?

Les avocats et les défenseurs des droits de l’homme ont critiqué à plusieurs reprises la loi « sur le contrôle des activités des personnes sous influence étrangère » en raison de son libellé très vague. Le manque de spécificité et la possibilité d’une interprétation large de la loi ont déjà conduit au fait que le statut d' »agent étranger » est devenu un moyen de pression sur les médias indépendants, les ONG et les militants de la société civile.

La persécution d’Alsu Kurmasheva est uniquement liée à ses activités professionnelles. Selon la logique des autorités, elle aurait dû elle-même informer le ministère de la Justice qu’elle était prétendument sous influence étrangère parce qu’elle recueillait des informations sur la guerre dans le cadre de ses activités journalistiques.

« Radio Free Europe/Radio Liberty » et « Idel. Realii », avec lesquelles Alsu Kurmasheva coopère, sont reconnues comme des agents étrangers et leurs sites web sont bloqués en Russie.

Photo : Radio Liberty


La rubrique Monitoring, Russie est réalisée en collaboration avec le projet memopzk.org