Voix de guerre

Voix de guerre

Les témoignages des victimes de la guerre vont désormais résonner en 9 langues.

Un projet associant Memorial France, Memorial Italie, Mémorial République Tchèque, Mémorial Pologne et Mémorial Allemagne au Groupe de défense des droits de l’homme de Kharkiv (Memorial Ukraine)

Des centaines de milliers de personnes ont été ou sont victimes de l’invasion russe en Ukraine. Des millions d’hommes, de femmes et d’enfants ont été contraints de quitter leur foyer, certains pour la deuxième et la troisième fois depuis le début de la guerre. Chacune de leurs histoires est unique et mérite d’être entendue par le monde extérieur. Mais l’expérience montre qu’aussi dramatiques que soient les événements et aussi flagrants et brutaux que soient les crimes de guerre commis par l’armée russe dans le but de soumettre le peuple ukrainien, l’expérience perd de son intensité avec le temps et les souvenirs s’estompent, jusqu’à en devenir invisibles. Les pires atrocités se perdent dans le maelström de l’histoire. Mais oublier les crimes nous fait courir le risque qu’ils se répètent à l’avenir.

Dès les premiers jours du conflit, le Groupe de défense des droits de l’homme de Kharkiv (Memorial Ukraine) a lancé le projet « Voix de guerre » (Голоси війни) pour faire en sorte que les histoires de milliers d’Ukrainiens soient non seulement entendues en temps réel, mais qu’elles ne soient pas oubliées à l’avenir. Ce sont les récits de tragédies personnelles, de pertes, de souffrances dues à la faim et au froid, de la perte de son foyer, mais ce sont aussi des témoignages emplis de force, de fraternité, de miséricorde et d’humanité. Il s’agit en même temps de témoignages d’événements historiques et de description de crimes dont l’évaluation juridique objective est absolument indispensable.

Les organisations ukrainiennes de défense des droits humains ont documenté les meurtres de civils, les tortures, les déportations, la destruction de monuments historiques et d’autres crimes en analysant des sources ouvertes avec des techniques d’enquête modernes. Mais parfois, la technologie est impuissante, comme ce fut le cas lors du blocus de Mariupol, lorsque toutes les communications ont été coupées pendant l’offensive russe. La seule façon d’apprendre les horreurs qui se sont déroulées dans la ville était d’interroger les habitants de Mariupol qui ont miraculeusement réussi à s’échapper de la ville encerclée et en feu. Ce sont eux qui sont devenus les voix qui ont parlé au monde de la terrible réalité. Et il en est ainsi non seulement des habitants de Mariupol, mais aussi  de ceux qui se sont retrouvés sous occupation dans d’autres régions d’Ukraine

Il est souvent tout aussi important pour ces personnes d’être entendues que pour nous de les entendre. Une fois l’enregistrement terminé, les héroïnes et les héros des interviews ont souvent dit qu’ils se sentaient soulagés. Depuis le début de la guerre totale, le 24 février 2022, des centaines d’histoires en ukrainien, en anglais et en russe ont été publiées sur le site web et la chaîne YouTube du Groupe de défense des droits de l’homme de Kharkiv.

Dans le cadre d’un nouveau projet, plusieurs associations de Memorial en Europe (en République tchèque, en Pologne, en France, en Italie et en Allemagne) publieront ces entretiens dans leur langue au rythme de 4 à 5 entretiens par mois, à la fois sous forme de texte et de vidéo sur leurs sites et leurs réseaux sociaux. 

La version française sera déclinée sur le site de Mémorial France ainsi que sur sa chaîne youtube à partir du jeudi 26 janvier.

Ainsi, les récits de guerre résonneront en neuf langues dans le monde entier !


Ce projet est soutenu par le Prague Civil Society Centre.

Grâce à d’autres sources de financement, l’organisation ukrainienne de Memorial ajoutera la traduction des entretiens en espagnol, ainsi que la publication de résumés hebdomadaires des protestations russes contre la guerre, préparés par les bénévoles de Memorial, dans toutes les langues du projet.

Illustrations originales : Lilya Matveeva