Jusqu’où iront les autorités russes ?

Jusqu’où iront les autorités russes ?

Lors d’un simulacre de procès, la Cour suprême de la Fédération de Russie, après une délibération qui n’a duré que quelques dizaines de minutes, a prononcé la mise en liquidation de Memorial International et de ses filiales régionales.

Cette décision est une décision politique sans aucun fondement juridique qui s’inscrit dans une vague de répressions inédite contre les organisations émanant de la société civile. 
La raison invoquée par le Parquet russe est que l’ONG aurait enfreint de manière répétée la loi en ne signalant pas ses publications avec les mentions obligatoires imposées aux prétendus « agents étrangers ». Or, comme l’on montré les débats, Memorial, d’une part, ne devrait pas être soumis à ces obligations, et d’autre part, en l’absence d’instructions claires quant aux modalités d’application de la loi, a malgré tout marqué ses sites et ses publications de la mention « agent étranger ».

La dissolution de Memorial International, 30 ans après sa création, est une atteinte à tous celles et ceux qui oeuvrent à l’édification et la préservation de la mémoire des crimes du stalinisme, qui écrivent une histoire de l’Union soviétique qui ne soit pas réduite à l’histoire officielle du gouvernement russe.

Mémorial France exprime son soutien indéfectible à Memorial International et, fera tout ce qui est en son pouvoir pour soutenir toutes celles et tous ceux qui, en Russie, se sont engagés dans cette organisation, pour l’écriture d’une histoire complexe, et, dans le respect de la mémoire des victimes du stalinisme, pour travailler à la poursuite d’ l’œuvre de Memorial.

Pour cela, nous invitons toutes les forces disponibles à nous rejoindre. Nous travaillerons en relation étroite avec tous nos amis qui, en Russie, font partie de cette organisation, collaborent ou ont collaboré avec elle.

Nous souhaitons également rappeler que demain, 29 décembre, va vraisemblablement se jouer le sort du Centre des Droits Humains « Memorial », qui défend les victimes des répressions politiques en Russie aujourd’hui. Sa liquidation viendrait aggraver la catastrophe qui s’abat sur la société civile russe.

Nous appelons enfin les autorités françaises et européennes à réagir avec fermeté à cette dissolution.

Le Bureau de Mémorial France

Photo David Frenkel / Mediazona