Iouri Dmitriev : des lunettes de 20 kg
Les persécutions incessantes contre l’historien Iouri Dmitriev qui purge dans la colonie pénitentiaire à régime strict IK-18 en Mordovie une peine de 15 ans prononcée sur la base fausses accusations, prennent les formes les plus diverses. Mise à l’isolement ou au mitard sans raison, privations de toutes sortes, tous les moyens sont bons pour punir l’historien de Memorial.
Dernier épisode en date, le chef de la colonie Vladimir Golubyatnikov a refusé de remettre à Dmitriev les lunettes qu’il avait commandées en tant que colis médical, et le seul moyen pour Dmitriev de les obtenir a été de les faire enregistrer comme colis standard. Or, dans le cadre du régime strict de la colonie, Iouri Dmitriev a droit à un colis de 20 kilos deux fois par an. En d’autres termes, la remise d’une paire de lunettes l’a privé de la possibilité de recevoir une aide sous forme de nourriture et de produits de première nécessité dans les mois à venir. Car l’historien a besoin de lunettes, sans lesquelles il ne peut pas lire.
Or dans les conditions d’enfermement, la lecture est indispensable. Dmitriev a fait appel des sanctions disciplinaires qu’il a reçues à l’automne, l’une après l’autre, sans justification valable. Il a reçu cinq sanctions de ce type entre septembre et décembre et a passé plus d’un mois en cellule punitive. Aujourd’hui, il est en procès avec la colonie, et Iouri Alekseevich a besoin de lunettes pour lire les documents nécessaires à la préparation de l’audience.
« Ne voulant pas perturber la séance du tribunal, j’ai été contraint d’accepter des lunettes de vingt kilos ».
Iouri Dmitriev
Cette attitude de l’administration de la colonie peut être qualifiée de nouvelle forme d’intimidation à l’égard d’un prisonnier obstiné qui ose faire valoir ses droits.