Chronique de la Russie qui proteste // 2 – 8 septembre 2024
En Russie, depuis le début de la guerre en Ukraine, la société est profondément divisée face à l’agression des troupes russes. Alors que certains soutiennent fermement les actions du gouvernement, d’autres manifestent courageusement leur opposition à la guerre et à l’intervention militaire russe dans les affaires ukrainiennes.
Ce projet de publication a pour objectif de documenter ces protestations en publiant des chroniques hebdomadaires en utilisant les réseaux sociaux comme source principale d’information. Nous espérons offrir un aperçu de la dynamique interne de la société russe en temps de guerre, en mettant en lumière les voix et les moyens d’expression de ceux qui se dressent contre la politique étrangère de leur gouvernement.
La ville s’exprime
Perm
Moscou
Ekaterinbourg, Aksaï (région de Rostov), Perm, Tomsk, Piatigorsk, Briansk et Moscou
Poursuites
Le gagnant du concours « Mon pays – Ma Russie » a été arrêté pour avoir soutenu l’Ukraine
Makar Nikolaev, âgé de 20 ans, ancien lauréat du concours « Mon pays – Ma Russie », a été arrêté à Oufa pour des commentaires de soutien à l’Ukraine et des appels à rejoindre le Corps des volontaires russes [NdlR. Unité paramilitaire composés de citoyens russes et basée en en Ukraine], qu’il avait écrits alors qu’il étudiait à l’étranger. Une procédure judiciaire a été ouverte contre le jeune homme pour appel au terrorisme, il risque jusqu’à sept ans de prison.
Un prêtre de Tcheliabinsk a refusé de prier pour la victoire de la Russie
Le père Pierre Ustinov, de Tcheliabinsk, a été interdit de célébrer pour avoir refusé de lire la prière « Pour la victoire de la sainte Russie », qui appelle à la victoire de la Russie dans la guerre contre l’Ukraine. Ustinov a insisté sur le fait que l’Église ne doit pas appeler au meurtre.
Condamnation d’un engagé déserteur
Le militaire sous contrat Kamil Kasimov, originaire de Tioumen (Sibérie occidentale), a déserté son unité militaire en juin 2023 afin de ne pas participer à la guerre contre l’Ukraine. Il a été arrêté par des enquêteurs militaires russes à Astana (Kazakhstan), en avril 2024. Un tribunal russe a condamné Kamil Kasimov à six ans de colonie pénitentiaire pour désertion.
Un enseignant de Volgograd détenu pour des messages anti-guerre
Roman Melnichenko qui enseignait le droit et la fonction publique à l’Université d’État de Volgograd, a été licencié au printemps 2022 en raison de publications anti-guerre sur Internet. Cette année, après qu’il ait déposé des fleurs à la mémoire de Navalny, ses données personnelles ont été divulguées à la télévision. Le 6 septembre, des policiers l’ont arrêté dans la rue, exigé ses papiers et après deux refus, l’ont emmené au poste pour établir un procès-verbal. On ignore encore quel article sera retenu contre lui.
Un membre de la commission électorale de Moscou arrêté pour avoir publié des chansons ukrainiennes
Alexander Nesterenko, membre de la commission électorale de Moscou avec droit de vote décisif, et enseignant à l’Université technique d’État Bauman, a publié sur sa page VKontakte trois chansons et deux clips d’artistes ukrainiens. Les forces de l’ordre ont effectué une perquisition le 3 septembre, et peu après Nesterenko a été arrêté et placé en détention provisoire pour incitation à la haine.
Accusation de terrorisme pour quatre commentaires sur les réseaux sociaux
Alexei Sobolev, un habitant de Komi, a été placé en détention provisoire pour quatre commentaires publiés sur les réseaux sociaux. Il est accusé de justification du terrorisme pour son soutien au régiment “ Azov ” et au Corps des volontaires russes [NdlR. Unité paramilitaire composés de citoyens russes et basée en en Ukraine], ainsi que pour avoir qualifié l’armée russe de nazis (« et les zétistes sont aussi des nazis » [NdlR. La lettre Z désigne les forces armées russes combattant en Ukraine]). Une perquisition a eu lieu chez Sobolev le 28 août, à l’issue de laquelle il a été arrêté.
Divers
Le gouverneur de Sakhaline a interdit dans sa région les emoji « feu d’artifice » et « colombe de la paix » sur Telegram
Le gouverneur de la région de Sakhaline, Valery Limarenko, a désactivé l’emploi des emoji « feu d’artifice » et « colombe de la paix » sur sa chaîne Telegram. Cette décision a été prise après l’emploi massif de ces emojis au bas de nécrologies de militaires morts dans la guerre en Ukraine.
Le projet Chroniques de la Russie qui proteste est réalisé quasiment exclusivement par des bénévoles.
Ont en particulier participé à l’élaboration de la version française l’équipe de bénévoles de Mémorial France ainsi que des des étudiants en russe des universités de Strasbourg, Toulouse, Paris, Besançon, Grenoble, etc…
© Memorial / © Memorial France pour la version française.