L’Europe a besoin de paix, et non de nouveaux «accords de Munich»
À l’occasion des trois ans de l’agression russe contre l’Ukraine
Le 24 février 2022 est entré dans l’histoire aux côtés du 1ᵉʳ septembre 1939 et du 22 juin 1941, si ce n’est par l’ampleur de l’événement, tout au moins par son degré de perfidie.
Depuis trois ans, l’armée ukrainienne se bat héroïquement contre un adversaire dont le potentiel économique et les ressources humaines sont incomparablement supérieurs.
Le dictateur russe est prêt à poursuivre la guerre, à continuer de tuer des milliers de civils ukrainiens, à causer la mort d’enfants, de personnes âgées et de femmes, à détruire l’infrastructure civile, à anéantir la culture et l’histoire ukrainiennes. Il est prêt à mener cette guerre sans tenir compte des pertes humaines ni des dommages infligés à son propre pays – il n’a pas besoin de consulter un parlement docile, et la presse libre ne peut entraver ses actions, car elle a été de fait éradiquée en Russie.
Un accord de paix ne l’intéresse que dans la mesure où il entérinerait les résultats de son agression contre l’Ukraine. Il souhaite présenter un tel accord comme une victoire, comme l’« accomplissement des objectifs de l’opération militaire spéciale ». Il espère apparaître en vainqueur aux yeux de sa population et d’un grand nombre de victimes de la propagande du Kremlin au-delà des frontières de la Russie. Il compte sur l’apparition de nouveaux Chamberlain et Daladier, prêts à reconnaître la légitimité des annexions en échange d’une paix illusoire. Nous nous souvenons cependant que cet accord n’a pas apporté la paix, mais a plongé l’humanité dans une guerre mondiale.
L’urgence de mettre fin au bain de sang déclenché par Poutine est évidente.
Hélas, il est difficile d’espérer aujourd’hui une paix réellement juste. Il est possible que l’attente de la justice soit longue – les pays baltes ont lutté un demi-siècle pour leur liberté.
Cette fois, il est au moins nécessaire d’obtenir de véritables garanties pour dissuader le régime russe de toute nouvelle agression.
La base d’un futur accord ne doit en aucun cas être une réplique de l’accord de Munich. Le monde ne doit pas reconnaître la légitimité des conquêtes réalisées, il doit garantir à l’Ukraine sa sécurité. Seul un accord contenant des garanties de sécurité réelles pourra prévenir la reprise des hostilités dans un avenir proche.
L’évaluation des événements de ces onze dernières années est sans équivoque.
Parmi les crimes relevant de la juridiction du Tribunal de Nuremberg et engageant une responsabilité individuelle, figuraient en premier lieu les « crimes contre la paix », à savoir :
« La planification, la préparation, le déclenchement ou la conduite d’une guerre d’agression, ou d’une guerre en violation des traités, accords ou assurances internationaux, ou la participation à un plan ou un complot visant à la réalisation de l’un des actes susmentionnés. »
L’Assemblée générale des Nations unies, dans ses résolutions ES-11/1 du 02.03.2022, ES-11/2 du 24.03.2022, ES-11/6 du 23.02.2023, A/77/L.65 du 25.04.2023, a condamné sans équivoque les actions de la Russie. L’agression a été qualifiée d’agression, l’occupation d’occupation.
Ces jugements sont rendus en conformité avec le droit international et la douloureuse expérience de la Seconde Guerre mondiale, et ils ne changeront plus. Le nouvel ordre mondial devra être construit sur ces bases.
24 février 2025,
Le Conseil d’Administration de l’Association Internationale Memorial