Perquisitions, interrogatoires et détention d’anciens membres de Memorial à Perm
Du 11 au 13 mars 2023, la police de Perm a mené une série de détentions, perquisitions et interrogatoires contre d’anciens militants de la branche locale de « Memorial », liquidée par les autorités en 2022.
L’un des bénévoles a été appelé par téléphone afin qu’il sorte de chez lui. Une fois dans la rue, il a été poussé brutalement dans une voiture et emmené au Centre de lutte contre l’extrémisme. Au cours de la « conversation » qui a suivi, il a été interrogé au sujet de Robert Latypov, l’ancien directeur de l’organisation, qui se trouve actuellement à l’étranger. Le personnel du Centre « E » a pris le contrôle des communications téléphoniques du détenu et l’a forcé à écrire plusieurs messages en son nom à Latypov, essayant ainsi d’obtenir de ce dernier des informations sur les archives du Mémorial de Perm qui les intéressaient.
Le bénévole a été maintenu en détention pendant deux jours avant d’être présenté au tribunal le lundi 13 mars, où il a été condamné à une amende de 3 000 roubles pour avoir prétendument résisté à des officiers de police. Il a ensuite été conduit à l’appartement où il vit et où les biens de Mémorial Perm, qui a été liquidé par les autorités, sont temporairement entreposés. Deux douzaines de représentants des forces de l’ordre ont emmené tout ce qui pouvait l’être de l’appartement : des livres, y compris des livres commémoratifs, des documents et plusieurs expositions itinérantes organisées par Memorial ces dernières années. Les forces de sécurité ont saisi les ordinateurs, les téléphones, clés USB, cartes SIM, etc.
Un peu plus tôt, le 11 mars, Alexandre Chernyshov, président du Centre de la mémoire historique de Perm, a été arrêté et emmené au Centre « E ». Après l’interrogatoire, les forces de l’ordre ont procédé à une perquisition de son appartement où ils ont également confisqué tout l’équipements. Le dimanche 12 mars, le bureau du Centre de la mémoire historique a été perquisitionné et tous les disques durs des ordinateurs ont été confisqués.
Au cours de toutes ces « actions », les forces de l’ordre n’ont présenté aucune décision les y autorisant et n’ont délivré aucune copie des procès-verbaux des perquisitions, des « fouilles, des interrogatoires ni des « conversations ». Aucune des personnes inquiétées n’a été autorisée à appeler un avocat.
Selon les informations disponibles, le personnel du Centre « E » est très intéressé par le fait qu’après la liquidation de « Memorial » à Perm, ses archives ont été envoyées à Moscou pour y être stockées ; pour une raison mystérieuse, le Centre « E » considère cet acte comme criminel.
Memorial dans son ensemble fournira toute l’assistance possible à ceux de leurs collègues qui ont souffert des actions illégales des forces de sécurité.