Nous publions ici, dans sa version française, le point de vue d’Alexandre Tcherkassov, Président du Conseil du Centre des Droits Humains « Memorial »

Moscou, 2 février 2021

« La décision du tribunal dans l’affaire Alexeï Navalny – 2 ans et 8 mois de prison ferme – ne répond pas aux normes du Droit et ne fait que prolonger la chaine des dénis de justice de ces dernières semaines, mois et années.

Le verdict politique du tribunal dans l’affaire dite « Yves Rocher » a été contesté par la Cour de Strasbourg et la Russie a pris acte de cette décision de la Cour Européenne des Droits de l’Homme. Il a néanmoins servi de prétexte pour « mettre à l’écart » Alexeï Navalny.

La tentative d’empoisonnement d’Alexeï Navalny n’a pas entrainé l’ouverture d’une enquête en Russie. L’enquête menée par un groupe international de journalistes a permis d’identifier un groupe d’agents des services secrets très probablement impliqués dans cette tentative d’empoisonnement ainsi qu’un certain nombre de victimes potentielles. Elle n’a toutefois pas été suivie de l’ouverture d’une instruction officielle de la part des autorités russes.

Au cours des dernières semaines et jours  qui ont suivi le retour d’Alexeï Navalny en Russie et son incarcération, une vague massive de protestations s’est levée dans le pays. Celles-ci ont été brutalement réprimées. Des milliers de personnes ont été interpellées (plus de 4000 le 23 janvier et plus de 7 000 le 31 janvier – un record depuis la chute de l’URSS). Les brutalités, l’application d’une justice expéditive, les conditions de détention s’apparentant à une forme de torture (les personnes interpellées ont été retenues des dizaines d’heures, en plein hiver, dans les fourgons) – tout ceci témoigne de l’arrivée d’une ère nouvelle. Une ère nouvelle qui n’a rien – hélas – de nouveau et qui nous replonge en réalité dans le passé, avec ses répressions politiques massives et ses crimes.

Nous nous devons de réagir à cette situation nouvelle, à cette nouvelle réalité. »

Source: https://memohrc.org/ru/blogs/srok-alekseyu-navalnomu-novaya-realnost-chto-delat