L’affaire du Coran brulé a été confiée à un tribunal de Grozny
Le fond de l’affaire
Nikita Zhuravel, né en Crimée, est accusé d’avoir brûlé un Coran près d’une mosquée à Volgograd en mai 2023. Le jeune homme aurait enregistré un clip de 11 secondes et l’aurait posté sur Telegram. Pour cette raison, une procédure a été ouverte contre lui au titre de l’article relatif à l’insulte aux sentiments des croyants. Il a été arrêté et placé en détention. L’une des agences de presse russes a publié une vidéo contenant les « aveux » de Zhuravel. Il a déclaré avoir brûlé le livre sur ordre des services spéciaux ukrainiens.
Plus tard, Zhuravel a également été inculpé de hooliganisme motivé par la haine religieuse.
Selon la loi, le procès de Zhuravel devrait avoir lieu sur son lieu de résidence, à Volgograd. Mais le comité d’enquête a changé de juridiction, citant « de nombreux appels de résidents de la République de Tchétchénie demandant à être reconnus comme victimes ». Zhuravel a été transféré en Tchétchénie. Il se trouve actuellement dans l’un des centres de détention provisoire de Grozny.
En août, Zhuravel a déposé une plainte pour avoir été battu dans ce centre par le fils du président tchétchène.
En septembre, le Ramzan Kadyrov a publié sur sa chaîne Telegram une vidéo montrant son fils Adam, âgé de 15 ans, en train de frapper Zhuravel à coups de poings et de pieds. Kadyrov père a déclaré qu’il était fier de son fils.
Le tribunal du district Visaitovsky de Grozny commencera à examiner fond de l’affaire Nikita Zhuravel le 9 octobre.
Aucune procédure n’a été ouverte concernant le passage à tabac de Zhuravel pendant sa détention.
Pourquoi est-ce important ?
Après l’arrestation de Zhuravel, un rassemblement a eu lieu dans la capitale tchétchène, lors duquel les manifestants ont exigé que le jeune homme soit traduit devant un tribunal populaire. Les médias ont rapporté que des travailleurs du secteur public avaient été rassemblés de force pour manifester.
Ni le Kremlin ni le comité d’enquête n’ont réagi à la vidéo du passage à tabac publiée par Ramzan Kadyrov. Le porte-parole du président Poutine, Dmitri Peskov, a déclaré aux journalistes qu’il ne commenterait pas l’acte du fils de Kadyrov parce qu’il ne le souhaitait pas.
L’avocat qui représentait auparavant les intérêts de Zhuravel s’est retiré de l’affaire. On ne sait pas si le jeune homme est désormais défendu par un autre avocat.
Les défenseurs des droits humains expriment de vives inquiétudes quant au sort et à la vie de Nikita Zhuravel. Il a été envoyé illégalement en Tchétchénie, connue pour ses représailles extrajudiciaires : enlèvements, tortures et même exécutions de ceux qui sont considérés comme des ennemis du peuple.
En vertu de l’article sur l’atteinte aux sentiments des croyants, Zhuravel risque jusqu’à 3 ans de prison, mais une « trace ukrainienne » est apparue dans l’affaire. Grâce aux « aveux » de Zhuravel enregistrés par les forces de l’ordre, il peut être inculpé pour espionnage ou pour haute trahison. Depuis le déclenchement de la guerre en Ukraine, les peines prévues par ces articles ont été renforcées et peuvent aller jusqu’à l’emprisonnement à vie.
Photo : Dmitry Rogulin / TASS
