Le 24 février 2022, les forces militaires russes ont envahi massivement l’Ukraine, remettant la guerre au cœur du continent européen. Cette invasion s’inscrit dans le sillage d’une guerre déjà en cours depuis 2014, dans le Donbass, fomentée par le Kremlin, et qui avait déjà causé la mort de 14 000 personnes.

Les bombardements se poursuivent, laissant des villes rasées dont Marioupol est le triste symbole ; enlèvements, tortures, viols, exécutions de civils se poursuivent et sont documentés par les associations de défense des droits humains ; Moscou refuse aux Ukrainiens de se penser comme tels, de parler leur langue, de construire leur État, comme en témoignent les conditions de l’occupation. Des millions d’Ukrainien-nes ont dû prendre la route de l’exil tandis qu’en Russie les voix anti-guerre sont persécutées.

En résonance avec l’accueil en résidence en mai dernier à La Fonderie du Dakh Théâtre et en présence du Théâtre KnAM, en compagnie de l’association UkraineAuMans et de La Ligue des Droits de l’Homme, nous avons décidé d’inviter des témoins, chercheurs, artistes, journalistes, dont les paroles méritent grande écoute. Certains viennent d’Ukraine, d’autres de Russie, d’autres encore d’ailleurs.

Au programme :

10H30-13h Ouverture

avec Aude Merlin, chargée de cours en Sciences Politiques à l’Université Libre de Bruxelles et Antoine Boutet, président de la Ligue des Droits de l’Homme – Le Mans.

La gauche occidentale et l’invasion russe

avec Denys Gorbach, chercheur en science politique, enseignant à Sciences Po Paris.

Pourquoi avons-nous subitement décidé de quitter la Russie le 24 février 2022, alors que nous travaillions depuis 36 ans à Komsomolsk-sur-Amour, que nous venions d’acheter du matériel pour notre théâtre, et que nous n’avions jusque-là jamais eu l’intention de partir ? Il y avait pourtant déjà eu les guerres en Tchétchénie, en Géorgie, l’annexion de la Crimée. (…)

avec le Théâtre KnAM : Tatiana Frolova, fondatrice et metteure en scène et Bleuenn Isambard, traductrice et collaboratrice artistique du théâtre et anciennement chargée de mission pour des ONG en Tchétchénie.

14H-16H Résistances russes en Russie et en exil

avec Memorial – Centre des Droits Humains en Russie : Natalia Morozova, avocate et Alexandre Tcherkassov, ex-président.

L’association Memorial a été créée en Union soviétique à la fin des années 1980, pour mener un travail de documentation et de mémoire sur les crimes du stalinisme. Parallèlement à ce travail inlassable sur l’histoire, Memorial a également développé en son sein le Centre des Droits humains qui défend les victimes des violations des droits humains et mène un travail de veille sur les prisonniers politiques russes. En 2014, Memorial CDH a été une des premières associations qui avait été déclarée « agent de l’étranger ». Memorial International a été déclaré « agent de l’étranger » en 2016, comme de nombreuses associations qui défendent les droits humains tout en bénéficiant de subventions extérieures au pays. Memorial a passé plus de 30 ans à combattre l’impunité pour les crimes de guerre, les crimes contre l’humanité. C’est pourquoi avant de déclencher la guerre, l’Etat russe a décidé de détruire les deux associations. En décembre 2021, la justice russe a prononcé la dissolution de Memorial. En 2009, Natalia Estemirova, qui dirigeait le bureau de Memorial à Grozny a été assassinée. Iouri Dmitriev, historien spécialiste du goulag, est incarcéré depuis 2016.

et avec Novaïa Gazeta Europe : Kirill Martynov, journaliste et rédacteur en chef.

Dénonçant les corruptions et les persécutions, pilier de l’investigation en Russie depuis 1993, le journal Novaïa Gazeta a tenu 32 jours après le déclenchement de l’agression de l’Ukraine. Une partie de la rédaction a dû quitter le pays et a créé « Novaïa Gazeta Europe » en avril 2022. Après de nombreuses années de travail à Moscou, Kirill Martynov dirige, depuis son exil à Riga, l’édition européenne de Novaïa Gazeta . Entre 2000 et 2009, les journalistes Igor Domnikov, Iouri Chtchekotchikhine, Anna Politkovskaïa, Stanislas Markelov, Anastasia Babourova, ont été assassiné-es – elles, ils, documentaient et dénonçaient notamment, dans leurs articles, la corruption, les violations des droits de l’homme et la guerre en Tchétchénie.

Dmitri Mouratov, co-directeur du journal, toujours à Moscou, a mis aux enchères la médaille de son Prix Nobel de la Paix 2021 et en a versé le gain aux enfants ukrainiens déplacés.

16H30-19H La guerre en Ukraine, une question coloniale

avec l’association UkraineAuMans : Kateryna Lebreton L’association réunit des bénévoles de la société civile afin d’organiser des campagnes de collecte de dons ainsi que la collaboration humanitaire, culturelle et économique avec l’Ukraine.

Comment décoloniser nos regards sur l’Ukraine et les ukrainiens et nos imaginaires fondés sur un récit historique dominant ?

avec Hanna Perekhoda, doctorante à l’Université de Lausanne, membre du Réseau européen de solidarité avec l’Ukraine.

Télécharger le livret :Ukraine, Russie : histoires, résistances, solidarités  Rencontre & discussionToutes les interventions seront traduites depuis le russe, l’ukrainien, le français

OUVERTURE DES PORTES À 10H  – ENTRÉE LIBRE – COLLECTE DE DONS au profit des organisations invitées
DÉJEUNER DE 13H À 14H

Réservations sur : https://www.lafonderie.fr/ukraine-russie-histoires-resistances-solidarites/