Restitution des noms le 29 octobre à Paris et dans plusieurs villes de France
Lecture publique des noms des victimes des répressions politiques en URSS à Paris (« Возвращение имён »)
Il y a 15 ans, le 29 octobre 2007, à l’occasion du 70e anniversaire de la Grande Terreur de 1937-1938, la première action « Restitution des noms » visant à commémorer la mémoire des victimes de la terreur d’État en URSS a été organisée à Moscou près de la pierre des Solovki. La date choisie est la veille du 30 octobre, journée civile des prisonniers politiques en URSS, créée par les prisonniers des camps politiques soviétiques en 1974, devenue, en 1991, Journée nationale du souvenir des victimes de la terreur.
Depuis 15 ans, les commémorations du 29 octobre ont eu lieu dans différentes villes et dans différents pays, et des dizaines de milliers de personnes y ont participé. Au cours des deux années de pandémie, celles-ci ne se sont pas interrompues : aujourd’hui, elles ont lieu sur trois continents. La mémoire de la terreur, de ses victimes et de la résistance à la violence d’État, une mémoire dont la préservation même est devenue une forme même de résistance dès les premières années du régime bolchevik, est plus que jamais d’actualité.
L’année 2022 est celle d’une nouvelle catastrophe – la guerre d’agression déclenchée, le 24 février, par la Fédération de Russie contre l’Ukraine, au mépris du droit international – et de nouvelles victimes. Cette guerre, outre les pertes militaires inhérentes à tout conflit armé, a entraîné un exode de millions de civils et d’innombrables crimes de guerre dont ont été victimes un grand nombre de civils, citoyens de l’Ukraine.
Dans ce contexte, il est de notre devoir de se souvenir de tous ceux qui sont morts depuis le début de cette guerre et d’arrêter la tragédie qui se déroule sous nos yeux. Pour autant, il nous apparaît que la cérémonie « Restitution des noms » garde toute sa signification aujourd’hui. Car cet événement nous rappelle un principe fondamental: rien n’est plus précieux que la vie humaine et que l’État n’a pas le droit de tuer des gens. Ni en 1937, ni en 2022. Et plus il y aura de personnes qui seront d’accord avec cela, plus il sera possible d’arrêter la catastrophe actuelle – et de prévenir de telles catastrophes à l’avenir.
C’est pourquoi, le 29 octobre 2022, nous vous invitons à vous souvenir des noms des personnes qui ont été assassinées au cours des années de terreur en Union soviétique.
Vous pouvez participer à cette action de la manière suivante:
1 – En venant au rassemblement prévu à
PARIS
Samedi 29 octobre de 14h30 à 17h
Rendez-vous au mémorial 14-18, devant le cimetière du Père-Lachaise, juste à côté du 30, bd de Ménilmontant (Métro 2 ou 3, Père-Lachaise)
Facebook : https://fb.me/e/2moJjm0pw
NICE
Samedi 29 octobre de 10h à 12h
Rendez-vous au monument aux morts, quai Rauba Capeu
Facebook : https://fb.me/e/20mWnFveC
STRASBOURG
Samedi 29 octobre de 10h à 11h30
Rendez-vous devant le monuments aux morts strasbourgeois – Памятник страсбуржцам, погибшим в Первую мировую войну, place de la République, 67000 Strasbourg,
Facebook : https://fb.me/e/34NSm6g6o
Un dispositif vidéo permettra à ceux qui le veulent d’être filmé en prononçant un ou plusieurs noms.
Nous fournirons ces noms à ceux qui le souhaitent, mais vous pouvez aussi lire le nom d’un parent ou d’un proche qui figure OBLIGATOIREMENT dans la base https://base.memo.ru/ ou dans la base https://ru.openlist.wiki/
ATTENTION: Ces rassemblements sont des actions mémorielles. Il ne s’agit en aucun cas d’une manifestation liée à une quelconque revendication. Il n’y aura donc ni cris, ni discours !
A votre arrivée, merci de prendre place dans la queue, à bonne distance de votre prédécesseur. L’un des bénévoles viendra vous voir afin de répondre à vos éventuelles questions. Si vous le souhaitez, vous pourrez enlever votre masque une fois arrivé votre tour d’être filmé, pour le remettre ensuite.
2 – Si vous ne pouvez pas venir samedi 29
Vous pouvez vous filmer, seuls ou par petits groupes, et nous envoyer les vidéo à à october29@memo.ru de préférence avant le 24 octobre, sinon il nous sera plus difficile de la préparer pour notre émission. Veuillez indiquer dans quelle ville et près de quel lieu vous avez filmé la vidéo !
Où trouvez-vous les noms à lire ?
Vous pouvez choisir les noms que vous souhaitez lire – il peut s’agir de noms de proches, de personnes importantes pour vous qui sont décédées, ou de n’importe quel nom de ru.openlist.wiki ou base.memo.ru. Si vous avez besoin d’aide pour l’échantillonnage, le téléchargement des noms et le traitement, écrivez à october29@memo.ru.
Et comment préparez-vous les noms pour qu’ils soient lus par vous-même ?
Si vous préparez vous-même les fiches nominatives, nous vous recommandons d’inclure le prénom et le nom de la personne (il est préférable d’écrire le nom de famille à la fin, cela semble moins formel), son âge au moment de la répression ; si vous pouvez en savoir plus, indiquez la profession de la personne (où et pour qui elle a étudié, où elle a travaillé) ; indiquez la date ou l’année de l’exécution.
Comment la lecture doit-elle se faire ?
Vous avez besoin de participants, de noms pour la lecture, d’un endroit approprié et d’un appareil photo pour prendre des photos. Vous pouvez apporter des fleurs et des bougies.
Comment devons-nous filmer ?
Assurez-vous qu’il est horizontal ! De préférence sur un trépied. Et un bon son est important pour que vos noms puissent être entendus sur les ondes publiques. Lorsque vous prenez des photos avec un smartphone, il est préférable d’avoir un microphone externe, comme celui que l’on trouve dans de nombreux casques. Essayez d’obtenir des gros plans des personnes qui lisent, des photos du lieu de mémoire à côté duquel vous lisez, et, séparément, certains éléments : l’inscription sur le mémorial, une bougie allumée, des feuilles dans le vent. Veuillez envoyer votre vidéo à october29@memo.ru.
Vous avez des questions ? Contactez-nous à presse@memorial-france.org ou via Facebook https://www.facebook.com/MemorialFr
À très bientôt !
La terreur d’État en Union Soviétique
Depuis 1991, dans différentes régions de l’ex-Union soviétique, des livres sont préparés et publiés à la mémoire des victimes de la répression politique. Le contenu principal de ces livres sont de brèves informations biographiques sur ceux qui ont été exécutés, envoyés dans les camps, déportés de force vers des camps de travail, mobilisés dans le travail forcé. Ces données sont nécessaires à des centaines de milliers de personnes tant dans notre pays que dans d’autres pays du monde où vivent nos compatriotes, afin de trouver au moins quelques informations sur le sort de leurs proches. Elles sont aussi nécessaires aux historiens, ethnographes, enseignants, et journalistes.
Rappelons les principales catégories, les plus massives, de victimes de la répression politique en URSS.
- La première catégorie de masse – les personnes arrêtées pour des motifs politiques par les organes de sécurité de l’État (VChK-OGPU-NKVD-MGB-KGB) et condamnées à mort par voie judiciaire ou quasi judiciaire (CCO, « troïka », « deuce », etc.), à différentes peines d’emprisonnement dans les camps et les prisons ou à l’exil. Selon diverses estimations préliminaires, entre 1921 et 1985, de 5 à 5,5 millions de personnes entrent dans cette catégorie.
- Une autre catégorie de masse des réprimés pour des raisons politiques sont les paysans, qui ont été administrativement expulsés de leur lieu de résidence lors de la campagne de « destruction des koulaks en tant que classe ». Au total pour 1930-1933, selon diverses estimations, de 3 à 4,5 millions de personnes ont été contraintes de quitter leur village natal.
- La troisième catégorie de masse des victimes de la répression politique sont les peuples qui ont été complètement déportés des lieux d’implantation traditionnelle vers la Sibérie, l’Asie centrale et le Kazakhstan. Au total, selon diverses estimations, environ 2,5 millions de personnes ont été expulsées.
En comparant les 2,6 millions de notices biographiques recueillies par Memorial avec les estimations statistiques générales les plus prudentes et les plus modérées, nous arrivons à cette triste conclusion : selon les calculs les plus optimistes, il s’avère qu’il a été possible de rassembler les noms d’environ 20 pour cent du nombre total de victimes de la terreur d’État en URSS. (Parlant du nombre total de victimes, nous partons de l’interprétation de ce terme découlant de la loi de la Fédération de Russie « Sur la réhabilitation des victimes de la répression politique » du 18.10.1991.)
illustration : lilya matveeva / @risburlit / lilyamatveeva.com