Conférence N°1
La principale ressource de la puissance et de l’avenir de la Russie réside dans notre mémoire historique » (Vladimir Poutine, 14 mars 2013). Depuis la mort du communisme, la politique de la mémoire est devenue un élément essentiel de l’idéologie en Russie, et Vladimir Poutine, le premier narrateur, « l’Historien en chef » du nouveau récit national appelé à combler le vide béant laissé par la chute de l’URSS. Dans ce nouveau récit, élaboré à partir du début des années 2000, étonnant syncrétisme entre le passé tsariste et l’expérience soviétique, une expérience « décommunisée », la Grande Guerre Patriotique s’est imposée, dans sa dimension épique, comme le pivot de la mémoire collective et de l’identité nationale russe. Toute la politique mémorielle a été centrée sur le culte de la Grande Guerre Patriotique, une guerre mythifiée d’où sont exclues tous les erreurs des responsables militaires et civils, fatales pour des millions de combattants et de civils, ainsi que la conquête et la soviétisation forcée de pays limitrophes (pays baltes) et de territoires à l’ouest (Ukraine et Biélorussie occidentales, Moldavie) pour lesquels la libération, par l’Armée rouge, de l’occupation nazie, a été aussitôt suivie de l’imposition de la dictature stalinienne et d’une douloureuse et très violente sortie de guerre qui a duré jusqu’à la fin des années 1940.
Le culte de la Grande Guerre Patriotique est d’abord et avant tout le culte de la Victoire qui, d’une part, justifie et efface la violence des années 1930 (collectivisation forcée des campagnes, famines, Grande Terreur de 1937-1938) et, d’autre part, permet de légitimer aujourd’hui les prétentions néo-impérialistes de Moscou dans son « étranger proche ».
Depuis 2014 et l’édiction de lois mémorielles criminalisant toute critique de quelque aspect banni par l’Etat de la vision mythifiée de la Grande Guerre Patriotique, celle-ci a acquis un statut véritablement sacral. La mémoire exaltée de la guerre et de la Victoire est aussi devenue l’un des principaux piliers idéologiques de tout le système éducatif russe. Enfin, au fil des années, le mythe de la Grande Guerre Patriotique s’est imposé comme le socle du militarisme renaissant, du nouveau patriotisme d’Etat, et de son idéologie de Grande Puissance sur une scène internationale largement réinvestie par la Russie depuis une décennie.
Entrée libre et gratuite dans la limite des places disponibles (réservation obligatoire).
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